LES MAHATMAS THEOSOPHIQUES
:: HELENA BLAVATSKY :: Théosophie
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LES MAHATMAS THEOSOPHIQUES
LES MAHATMAS THEOSOPHIQUES
[Article de H.P.Blavatsky, publié dans The Path, décembre, 1886]
C'est avec un regret sincère et profond, mais sans surprise aucune, étant préparée depuis des années à entendre de telles déclarations — que j'ai lu dans la revue The Occult Word de Rochester, éditée par Mrs J. Cables, la dévouée présidente de la Société Théosophique de cette ville, un éditorial écrit par elle, en collaboration avec W.T. Brown. Ce changement soudain de sentiment peut paraître très naturel chez la dame, qui n'a jamais eu les opportunités de Brown ; et le sentiment qui lui fait écrire qu'après « un grand désir... d'être mis en communication avec les Mahâtmas théosophes, la conclusion finale s'est imposée qu'il est inutile de se fatiguer les yeux psychiques à scruter l'horizon vers l'Himalaya... » est sans aucun doute partagé par de nombreux théosophes. Reste à savoir si ces plaintes sont justifiées, et si ce sont les « Mahâtmas » ou les théosophes eux-mêmes qui sont à blâmer.
C'est un point qui est resté en suspens depuis des années et qu'il va s'agir d'élucider, car les deux plaignants déclarent sous leur signature : « nous n'avons pas à courir après des Mystiques orientaux qui nient leur capacité de nous aider » . Cette dernière phrase en italique doit être sérieusement examinée. Je réclame la permission de faire quelques remarques à ce sujet.
Tout d'abord, le ton de l'article est celui d'un manifeste. Condensé, et débarrassé de son exubérance d'expressions bibliques, il se résume en cette déclaration exprimée sous forme de paraphrase : « Nous avons frappé à leur porte et ils ne nous ont pas répondu ; nous avons demandé du pain, et ils nous ont même refusé une pierre » . L'accusation est très sérieuse, je me propose de montrer qu'elle n'est, néanmoins, ni juste ni fondée.
Comme c'est moi qui ai fait connaître publiquement l'existence de nos Maîtres aux États-Unis, qui ai répandu les saints noms de deux membres appartenant à une Fraternité jusqu'ici inconnue en Europe et en Amérique (excepté par quelques mystiques et Initiés de tous les temps), bien que sacrée et révérée dans tout l'Orient, et surtout aux Indes ; comme j'ai, de la sorte, créé une curiosité vulgaire, et des discussions oiseuses au sujet de ces noms bénis qui furent finalement reniés du public, je crois de mon devoir de réfuter le bien-fondé de cette accusation, en expliquant la situation sous tous ses aspects, puisque je me sens la principale coupable. Cela pourra peut-être faire du bien à quelques-uns et en intéresser d'autres.
Mais que personne ne pense que je me dresse en défenseur de ceux qui n'ont réellement pas besoin d'être défendus. Je me propose de présenter de simples faits, afin de permettre à chacun de juger impartialement la situation.
À nos frères et sœurs qui prétendent s'être « nourris de restes » et avoir « recherché des dieux étranges » sans avoir été acceptés, je répondrai aussi catégoriquement à mon tour : « Êtes-vous certains d'avoir frappé à la bonne porte ? Êtes-vous sûrs de ne pas vous être trompés de chemin, en vous arrêtant si souvent en route à des portes inconnues, derrière lesquelles vous guettent les ennemis les plus acharnés de ceux que vous cherchiez ? »
Nos MAÎTRES ne sont pas « un dieu jaloux » ; ce sont simplement de saints mortels, moralement, intellectuellement et spirituellement au-dessus de tous les êtres de notre monde. En dépit de leur sainteté et de leur avancement dans la science des Mystères, ce sont encore des hommes, membres d'une Fraternité dont ils sont les premiers à respecter les lois et les règles remontant à des temps immémoriaux.
Et l'une des premières règles exige que ceux qui entreprennent leur voyage vers l'Orient, afin d'obtenir l'attention et les faveurs de ceux qui sont les gardiens de ces Mystères, prennent la route directe, sans emprunter tous les sentiers de détours, cherchant à découvrir d'autres « Maîtres » et instructeurs, le plus souvent de la Science de la Main Gauche ; elle exige aussi que ces candidats aux Mystères aient confiance et montrent de la foi et de la patience, sans parler d'autres conditions à remplir. Si, dès le début, un homme ou une femme manque à ces conditions, quel droit a-t-il de se plaindre du refus probable des Maîtres à l'aider ?
En vérité, « Les Gardiens du Seuil sont à l'intérieur ! » Tout théosophe qui aspire à devenir un candidat à l'état de chéla ou aux faveurs des Maîtres, doit savoir qu'il s'engage tacitement, sinon formellement, à accepter et à respecter un serment mutuel entre les deux parties, serment qui est sacré.
Re: LES MAHATMAS THEOSOPHIQUES
C'est un pacte de sept années de probation. Si, pendant ce temps, malgré les nombreuses faiblesses et fautes humaines du candidat (exception faite de deux qu'il est inutile de spécifier par écrit), il reste, dans toutes les tentations, fidèle au Maître choisi (ou aux Maîtres, dans le cas de candidats laïques), et également fidèle à la Société fondée selon leur désir et sous leurs ordres, le théosophe sera initié à — et, dès lors, admis à communiquer sans réserve avec son Guru.
ses fautes, sauf une ainsi qu'il a été dit, seront excusées ; elles appartiennent à son karma futur, mais, en attendant, à son Maître est laissé le soin de les évaluer. Lui seul a le pouvoir de juger si, même durant ces sept longues années, le chéla peut avoir la faveur de communications occasionnelles avec son Guru, en dépit des fautes et péchés que le candidat peut avoir commis.
Le Maître, bien placé pour juger des causes et des motifs qui ont mené le candidat à commettre ces péchés d'omission et de commission, est le seul à même de discerner s'il est désirable ou non de l'encourager, car le Guru seul en a le droit, puisqu'il se trouve lui-même sous la loi inexorable de karma, à laquelle personne, du sauvage Zoulou au plus haut archange, ne peut échapper, et qu'il doit assumer la grande responsabilité des causes créées par lui.
Ainsi donc, la principale condition, la seule indispensable, requise du candidat ou chéla en probation, est simplement une fidélité inébranlable au Maître choisi, et au travail que ce dernier poursuit.
C'est une condition sine qua non, non pas, ainsi que je l'ai dit, en vertu d'un sentiment de jalousie, mais uniquement parce que chaque fois que le rapport magnétique est rompu entre le candidat et le Guru, il devient doublement difficile de le rétablir, et parce qu'il est inutile que les Maîtres épuisent leurs pouvoirs en faveur de ceux dont ils prévoient clairement, le plus souvent, la conduite future et la désertion finale.
Cependant, combien de ceux qui espèrent ce que j'appellerais « des faveurs par anticipation » répètent humblement mea culpa, lorsque leur attente est déçue, au lieu de taxer les Maîtres d'égoïsme et d'injustice ? Ils rompent volontairement le lien d'affinité, dix fois par an, puis espèrent chaque fois être acceptés à nouveau sur les bases anciennes.
Je connais un théosophe — je ne citerai pas son nom, mais je suppose qu'il se reconnaîtra — un jeune homme tranquille et intelligent, mystique de nature, qui dans son enthousiasme mal dirigé, et dans son impatience, changea de Maîtres et d'idées, environ une demi-douzaine de fois en moins de trois années.
En premier lieu, il s'offrit en probation, fut accepté et fit le vœu de chéla ; un an plus tard, il lui prit l'envie soudaine de se marier, quoiqu'il ait eu plusieurs preuves de la présence corporelle de son Maître et ait reçu diverses faveurs. Les projets de mariage échouant, il chercha des « Maîtres » sous d'autres climats, et devint un Rose-Croix enthousiaste ; puis il revint à la théosophie, et se fit mystique chrétien ; peu après, il chercha de nouveau à égayer sa vie d'austérités en se mariant, puis, abandonna l'idée, et devint spirite. Et maintenant, ayant une fois de plus fait sa demande « pour être repris comme chéla » (je possède sa lettre) et son Maître n'ayant pas répondu, il le renie complètement, pour chercher, selon les termes du manifeste signalé — son ancien « Maître essénien, et pour consulter les esprits en son nom».
Le respectable et compétent rédacteur de la revue The Occult Word et son secrétaire ont raison : ils ont choisi le seul vrai sentier sur lequel ils sont certains de ne rencontrer ni déceptions, ni désappointements, pourvu qu'ils possèdent un peu de foi aveugle. « II nous est agréable » , disent-ils, « d'obéir à l'appel de l'Homme des Douleurs, qui ne se détournera pas de nous, parce que nous sommes indignes, ou n'avons pas gagné un certain pourcentage de mérite personnel ».
ses fautes, sauf une ainsi qu'il a été dit, seront excusées ; elles appartiennent à son karma futur, mais, en attendant, à son Maître est laissé le soin de les évaluer. Lui seul a le pouvoir de juger si, même durant ces sept longues années, le chéla peut avoir la faveur de communications occasionnelles avec son Guru, en dépit des fautes et péchés que le candidat peut avoir commis.
Le Maître, bien placé pour juger des causes et des motifs qui ont mené le candidat à commettre ces péchés d'omission et de commission, est le seul à même de discerner s'il est désirable ou non de l'encourager, car le Guru seul en a le droit, puisqu'il se trouve lui-même sous la loi inexorable de karma, à laquelle personne, du sauvage Zoulou au plus haut archange, ne peut échapper, et qu'il doit assumer la grande responsabilité des causes créées par lui.
Ainsi donc, la principale condition, la seule indispensable, requise du candidat ou chéla en probation, est simplement une fidélité inébranlable au Maître choisi, et au travail que ce dernier poursuit.
C'est une condition sine qua non, non pas, ainsi que je l'ai dit, en vertu d'un sentiment de jalousie, mais uniquement parce que chaque fois que le rapport magnétique est rompu entre le candidat et le Guru, il devient doublement difficile de le rétablir, et parce qu'il est inutile que les Maîtres épuisent leurs pouvoirs en faveur de ceux dont ils prévoient clairement, le plus souvent, la conduite future et la désertion finale.
Cependant, combien de ceux qui espèrent ce que j'appellerais « des faveurs par anticipation » répètent humblement mea culpa, lorsque leur attente est déçue, au lieu de taxer les Maîtres d'égoïsme et d'injustice ? Ils rompent volontairement le lien d'affinité, dix fois par an, puis espèrent chaque fois être acceptés à nouveau sur les bases anciennes.
Je connais un théosophe — je ne citerai pas son nom, mais je suppose qu'il se reconnaîtra — un jeune homme tranquille et intelligent, mystique de nature, qui dans son enthousiasme mal dirigé, et dans son impatience, changea de Maîtres et d'idées, environ une demi-douzaine de fois en moins de trois années.
En premier lieu, il s'offrit en probation, fut accepté et fit le vœu de chéla ; un an plus tard, il lui prit l'envie soudaine de se marier, quoiqu'il ait eu plusieurs preuves de la présence corporelle de son Maître et ait reçu diverses faveurs. Les projets de mariage échouant, il chercha des « Maîtres » sous d'autres climats, et devint un Rose-Croix enthousiaste ; puis il revint à la théosophie, et se fit mystique chrétien ; peu après, il chercha de nouveau à égayer sa vie d'austérités en se mariant, puis, abandonna l'idée, et devint spirite. Et maintenant, ayant une fois de plus fait sa demande « pour être repris comme chéla » (je possède sa lettre) et son Maître n'ayant pas répondu, il le renie complètement, pour chercher, selon les termes du manifeste signalé — son ancien « Maître essénien, et pour consulter les esprits en son nom».
Le respectable et compétent rédacteur de la revue The Occult Word et son secrétaire ont raison : ils ont choisi le seul vrai sentier sur lequel ils sont certains de ne rencontrer ni déceptions, ni désappointements, pourvu qu'ils possèdent un peu de foi aveugle. « II nous est agréable » , disent-ils, « d'obéir à l'appel de l'Homme des Douleurs, qui ne se détournera pas de nous, parce que nous sommes indignes, ou n'avons pas gagné un certain pourcentage de mérite personnel ».
Re: LES MAHATMAS THEOSOPHIQUES
Qu'en savent-ils en vérité ? à moins qu'ils n'acceptent le dogme pernicieux et cynique de l'Église Protestante qui enseigne le pardon du crime le plus horrible, pourvu que le meurtrier croie sincèrement que le sang de son « Rédempteur » le sauvera à sa dernière heure — et n'est-ce pas là une foi aveugle contraire à la philosophie ? Le sentimentalisme n'est pas la philosophie ; et Bouddha consacra sa longue vie de sacrifice du soi, à détourner précisément les hommes de cette superstition funeste.
Pourquoi alors parler de Bouddha dans la même phrase ? La doctrine du salut par le mérite personnel, et l'oubli du soi, est la pierre angulaire de l'enseignement du Seigneur Bouddha. Les deux auteurs peuvent avoir «recherché des dieux étranges », et c'est même très probablement ce qu'ils ont fait, mais ces dieux n'étaient pas nos MAITRES.
Ils l'ont « renié trois fois » , et maintenant, ils se proposent « avec des pieds saignants, et un esprit contrit » de « Le supplier qu'Il (Jésus) nous (les) reprenne à nouveau sous son aile » , etc.
Le « Maître Nazaréen » ne manquera pas de les exaucer en cela. Mais ils continueront à « se nourrir de restes » en surplus de leur « foi aveugle ».
Toutefois, ils sont les meilleurs juges en cette question, personne dans notre Société n'ayant le droit de se mêler de leurs croyances privées, et plaise au ciel qu'ils ne deviennent pas un jour, dans leur nouvelle déception, nos plus farouches ennemis.
Pourquoi alors parler de Bouddha dans la même phrase ? La doctrine du salut par le mérite personnel, et l'oubli du soi, est la pierre angulaire de l'enseignement du Seigneur Bouddha. Les deux auteurs peuvent avoir «recherché des dieux étranges », et c'est même très probablement ce qu'ils ont fait, mais ces dieux n'étaient pas nos MAITRES.
Ils l'ont « renié trois fois » , et maintenant, ils se proposent « avec des pieds saignants, et un esprit contrit » de « Le supplier qu'Il (Jésus) nous (les) reprenne à nouveau sous son aile » , etc.
Le « Maître Nazaréen » ne manquera pas de les exaucer en cela. Mais ils continueront à « se nourrir de restes » en surplus de leur « foi aveugle ».
Toutefois, ils sont les meilleurs juges en cette question, personne dans notre Société n'ayant le droit de se mêler de leurs croyances privées, et plaise au ciel qu'ils ne deviennent pas un jour, dans leur nouvelle déception, nos plus farouches ennemis.
Re: LES MAHATMAS THEOSOPHIQUES
Et cependant, personne n'a jamais fait de promesse qu'il ne pouvait tenir à ces théosophes qui se plaignent de la Société en général ; bien moins encore la Société ou ses Fondateurs ont-ils offert leurs « Maîtres » , comme on offre un chromo en guise de prime, à ceux qui se conduisent le mieux. Depuis des années, on répète à chaque nouveau membre, qu'on ne lui promet rien, et qu'il doit tout attendre de son mérite personnel. Le théosophe est laissé libre d'agir comme il l'entend.
S'il est mécontent — alia tentanda via est — il ne fait aucun mal en essayant ailleurs, à moins, en vérité, qu'il ne se soit offert aux Maîtres, et ne se soit décidé à gagner leurs faveurs.
C'est à ceux-là surtout que je m'adresse et demande : Avez-vous rempli vos obligations et tenu vos serments ? Avez-vous, vous qui rejetez tout le blâme sur la Société et les Maîtres, — qui sont l'incarnation de la charité, de la tolérance, de la justice et de l'amour universel — avez-vous mené la vie requise, et rempli les conditions exigées de celui qui devient candidat ?
Que celui qui sent dans son cœur et sa conscience qu'il a satisfait à ces conditions, qu'il n'a jamais failli sérieusement, qu'il n'a jamais douté de la sagesse de son Maître, jamais cherché un autre, ou d'autres Maîtres, dans son impatience de devenir un Occultiste doué de pouvoirs, et qu'il n'a jamais manqué à son devoir de théosophe, en pensée ou en action, qu'il se lève, dis-je, et qu'il proteste.
Il peut le faire sans crainte, il n'en sera pas puni, et ne recevra pas même un reproche, encore moins sera-t-il exclu de la Société — la plus large et la plus libérale de vues, la plus catholique de toutes les Sociétés connues ou inconnues. Je crains fort que mon offre reste sans réponse.
Depuis les onze années que la Société Théosophique existe, je n'ai connu, — parmi les soixante-douze chélas régulièrement acceptés en probation, et les centaines de candidats laïques, que trois d'entre eux qui n'aient pas encore échoué, et un seul qui ait obtenu un succès complet.
Personne ne vous oblige à devenir chéla ; aucune promesse n'est faite, sinon le serment mutuel entre le Maître et l'aspirant-chéla. En vérité, en vérité, nombreux sont les appelés, mais rares les élus — ou plutôt, rares sont ceux qui ont la patience de poursuivre la tâche aride jusqu'au bout, si nous pouvons qualifier d'aride la simple persévérance et l'unité de but.
Et que dire de la Société en général, en dehors de l'Inde ? Combien parmi les milliers de membres mènent réellement la vie requise ?
Qui oserait dire qu'il est théosophe selon le cœur des Maîtres, parce qu'il est strictement végétarien — les éléphants et les vaches le sont bien — ou parce qu'il vit la vie du célibat, après une jeunesse orageuse dans une direction opposée. Ou parce qu'il étudie la Bhagavad-Gîtâ ou la « Philosophie du Yoga » d'un bout à l'autre.
Ce n'est pas l'habit qui fait le moine, pas plus que de longs cheveux et un air de rêverie poétique sur le visage ne suffisent pour faire d'un être un fidèle disciple de la Sagesse divine. Regardez autour de vous et admirez notre soi-disant Fraternité UNIVERSELLE.
Qu'est devenue en Europe et en Amérique, durant ces onze années d'épreuves, la Société fondée dans le but de remédier aux maux flagrants du christianisme, de détruire la bigoterie et l'intolérance, l'hypocrisie et la superstition et de cultiver un sentiment de réel amour universel, s'étendant même à l'animal muet ?
En un point, nous sommes parvenus à dépasser nos frères chrétiens, qui, selon l'expression imagée de Lawrence Oliphant « s'entretuent au nom de la Fraternité, et se battent comme des démons pour l'amour de Dieu »—et ce progrès réside dans notre rejet de tout dogme, et dans notre tentative de nous débarrasser, avec raison et sagesse, du dernier vestige d'autorité, ne fût-elle que nominale.
Mais, à tous les autres points de vue, nous sommes aussi mauvais qu'eux : un concert de calomnies, de médisances, d'intolérance, de critiques, des clameurs guerrières incessantes, de blâmes réciproques dont l'Enfer chrétien lui-même pourrait être fier !
Et tout ceci, je suppose, est la faute des Maîtres : ce sont EUX qui ne veulent pas aider ceux qui aident les autres à se sauver et à se libérer de l'égoïsme — au moyen de coups de pied et de scandales ? Vraiment, nous sommes un bel exemple pour le monde, et de dignes compagnons pour les saints ascètes de la Chaîne neigeuse !
Et maintenant, quelques mots encore avant de terminer. On pourrait me demander : « Et vous, qui êtes-vous donc, pour vous permettre de nous critiquer ? Vous qui prétendez être en communion avec les Maîtres, et qui recevez d'Eux des faveurs journalières, êtes-vous donc si sainte, si irréprochable, si digne ? » À cela, je réponds : NON. JE NE LE SUIS PAS.
Ma nature est imparfaite et fautive, mes défauts sont nombreux et flagrants — et mon karma en est plus lourd que celui d'aucun autre théosophe. Mais il en est, et il doit en être ainsi, étant donné que, depuis tant d'années, j'ai été mise au pilori et ai servi de cible à mes ennemis, comme aussi pour certains de mes amis. Cependant, j'accepte l'épreuve joyeusement.
Pourquoi ? Parce que je sais qu'en dépit de mes fautes j'ai la protection du Maître étendue au-dessus de moi. Et en voici la simple raison : pendant trente-cinq ans et plus, depuis 1851, année où je vis personnellement pour la première fois un Maître dans son corps physique, je ne L'ai jamais renié, ni ai douté de Lui une seule fois, pas même en pensée.
Jamais un reproche ni un murmure contre lui n'est sorti de mes lèvres, ni est entré dans mon cerveau, ne fût-ce que pendant une seconde, dans les épreuves les plus cruelles. Dès le début, je savais ce qui m'attendait, car on m'avait dit, ce que je n'ai jamais cessé de répéter aux autres : aussitôt qu'un être s'engage dans le Sentier conduisant à l'Ashram des Maîtres bénis, — les seuls et derniers gardiens de la Sagesse primitive et de la Vérité, — son karma, au lieu d'être réparti sur toute sa vie, s'abat sur lui en une masse, et l'écrase de tout son poids. Celui qui croit en ce qu'il professe et en son Maître le supportera et sortira victorieux de l'épreuve ; celui qui doute, le poltron qui craint de recevoir son juste dû, et cherche à éviter l'accomplissement de la justice — ÉCHOUERA.
Il n'en subira pas moins son karma, mais il perdra ce qu'il espérait obtenir en risquant de subir prématurément les effets de son karma. C'est pourquoi j'ai tout supporté, quoique j'aie été flagellée constamment et impitoyablement par mon karma qui se servit de mes ennemis comme d'armes inconscientes. J'étais sûre que le Maître ne permettrait pas que je périsse, qu'il serait toujours là au dernier moment — et c'est ce qu'il fit.
Trois fois je fus sauvée de la mort par Lui, la dernière fois, presque contre ma volonté, et je revins dans le monde glacé et mauvais par amour pour Lui, qui m'a enseigné ce que je sais, et qui m'a faite ce que je suis.
J'accomplis donc Son travail et Sa volonté, et c'est ce qui me donne cette force de lion pour supporter les chocs physiques et mentaux, dont un seul tuerait tout théosophe qui douterait de la protection puissante. Une dévotion inébranlable à Celui qui incarne le devoir qui m'a été tracé, une croyance ferme dans la Sagesse collective de cette grande Fraternité mystérieuse, quoique réelle, de saints hommes, voilà mon seul mérite, et la raison de mon succès dans la Philosophie Occulte.
Et répétant maintenant, après le Paraguru, le MAÎTRE de mon Maître — les paroles qu'Il avait adressées comme un message à ceux qui voulaient faire de la Société un « club de miracles » au lieu d'une Fraternité de Paix, d'Amour et d'assistance mutuelle —
« Périssent plutôt la Société Théosophique et ses malheureux Fondateurs » , je dis, périssent leur travail de douze ans, et leur vie même, plutôt que de voir ce dont je suis témoin aujourd'hui : des théosophes surpassant les « cercles » politiques dans leur recherche du pouvoir personnel et de l'autorité ; des théosophes se calomniant et se critiquant mutuellement comme des sectes chrétiennes rivales ; enfin des théosophes se refusant à vivre la vie requise, puis jetant l'opprobre sur les plus grands et nobles des hommes, parce que, liés par leurs lois sages — d'une antiquité énorme et basées sur une expérience de la nature humaine datant de milliers d'années — ces Maîtres ne veulent pas intervenir dans le karma de tous les théosophes qui s'adressent à Eux, qu'ils en soient dignes ou non, ni se plier à leurs exigences.
À moins que l'on ait recours en hâte à des réformes radicales dans nos Sociétés américaines et européennes, je crains fort qu'avant peu il n'existe plus qu'un seul centre de Sociétés Théosophiques et de Théosophie dans le monde entier — je veux dire aux Indes ; sur ce pays j'appelle toutes les bénédictions de mon cœur.
Tout mon amour et toutes mes aspirations vont vers mes frères bien-aimés, les Fils de l'ancien Aryâvarta — la Mère-patrie de mon MAÎTRE.
S'il est mécontent — alia tentanda via est — il ne fait aucun mal en essayant ailleurs, à moins, en vérité, qu'il ne se soit offert aux Maîtres, et ne se soit décidé à gagner leurs faveurs.
C'est à ceux-là surtout que je m'adresse et demande : Avez-vous rempli vos obligations et tenu vos serments ? Avez-vous, vous qui rejetez tout le blâme sur la Société et les Maîtres, — qui sont l'incarnation de la charité, de la tolérance, de la justice et de l'amour universel — avez-vous mené la vie requise, et rempli les conditions exigées de celui qui devient candidat ?
Que celui qui sent dans son cœur et sa conscience qu'il a satisfait à ces conditions, qu'il n'a jamais failli sérieusement, qu'il n'a jamais douté de la sagesse de son Maître, jamais cherché un autre, ou d'autres Maîtres, dans son impatience de devenir un Occultiste doué de pouvoirs, et qu'il n'a jamais manqué à son devoir de théosophe, en pensée ou en action, qu'il se lève, dis-je, et qu'il proteste.
Il peut le faire sans crainte, il n'en sera pas puni, et ne recevra pas même un reproche, encore moins sera-t-il exclu de la Société — la plus large et la plus libérale de vues, la plus catholique de toutes les Sociétés connues ou inconnues. Je crains fort que mon offre reste sans réponse.
Depuis les onze années que la Société Théosophique existe, je n'ai connu, — parmi les soixante-douze chélas régulièrement acceptés en probation, et les centaines de candidats laïques, que trois d'entre eux qui n'aient pas encore échoué, et un seul qui ait obtenu un succès complet.
Personne ne vous oblige à devenir chéla ; aucune promesse n'est faite, sinon le serment mutuel entre le Maître et l'aspirant-chéla. En vérité, en vérité, nombreux sont les appelés, mais rares les élus — ou plutôt, rares sont ceux qui ont la patience de poursuivre la tâche aride jusqu'au bout, si nous pouvons qualifier d'aride la simple persévérance et l'unité de but.
Et que dire de la Société en général, en dehors de l'Inde ? Combien parmi les milliers de membres mènent réellement la vie requise ?
Qui oserait dire qu'il est théosophe selon le cœur des Maîtres, parce qu'il est strictement végétarien — les éléphants et les vaches le sont bien — ou parce qu'il vit la vie du célibat, après une jeunesse orageuse dans une direction opposée. Ou parce qu'il étudie la Bhagavad-Gîtâ ou la « Philosophie du Yoga » d'un bout à l'autre.
Ce n'est pas l'habit qui fait le moine, pas plus que de longs cheveux et un air de rêverie poétique sur le visage ne suffisent pour faire d'un être un fidèle disciple de la Sagesse divine. Regardez autour de vous et admirez notre soi-disant Fraternité UNIVERSELLE.
Qu'est devenue en Europe et en Amérique, durant ces onze années d'épreuves, la Société fondée dans le but de remédier aux maux flagrants du christianisme, de détruire la bigoterie et l'intolérance, l'hypocrisie et la superstition et de cultiver un sentiment de réel amour universel, s'étendant même à l'animal muet ?
En un point, nous sommes parvenus à dépasser nos frères chrétiens, qui, selon l'expression imagée de Lawrence Oliphant « s'entretuent au nom de la Fraternité, et se battent comme des démons pour l'amour de Dieu »—et ce progrès réside dans notre rejet de tout dogme, et dans notre tentative de nous débarrasser, avec raison et sagesse, du dernier vestige d'autorité, ne fût-elle que nominale.
Mais, à tous les autres points de vue, nous sommes aussi mauvais qu'eux : un concert de calomnies, de médisances, d'intolérance, de critiques, des clameurs guerrières incessantes, de blâmes réciproques dont l'Enfer chrétien lui-même pourrait être fier !
Et tout ceci, je suppose, est la faute des Maîtres : ce sont EUX qui ne veulent pas aider ceux qui aident les autres à se sauver et à se libérer de l'égoïsme — au moyen de coups de pied et de scandales ? Vraiment, nous sommes un bel exemple pour le monde, et de dignes compagnons pour les saints ascètes de la Chaîne neigeuse !
Et maintenant, quelques mots encore avant de terminer. On pourrait me demander : « Et vous, qui êtes-vous donc, pour vous permettre de nous critiquer ? Vous qui prétendez être en communion avec les Maîtres, et qui recevez d'Eux des faveurs journalières, êtes-vous donc si sainte, si irréprochable, si digne ? » À cela, je réponds : NON. JE NE LE SUIS PAS.
Ma nature est imparfaite et fautive, mes défauts sont nombreux et flagrants — et mon karma en est plus lourd que celui d'aucun autre théosophe. Mais il en est, et il doit en être ainsi, étant donné que, depuis tant d'années, j'ai été mise au pilori et ai servi de cible à mes ennemis, comme aussi pour certains de mes amis. Cependant, j'accepte l'épreuve joyeusement.
Pourquoi ? Parce que je sais qu'en dépit de mes fautes j'ai la protection du Maître étendue au-dessus de moi. Et en voici la simple raison : pendant trente-cinq ans et plus, depuis 1851, année où je vis personnellement pour la première fois un Maître dans son corps physique, je ne L'ai jamais renié, ni ai douté de Lui une seule fois, pas même en pensée.
Jamais un reproche ni un murmure contre lui n'est sorti de mes lèvres, ni est entré dans mon cerveau, ne fût-ce que pendant une seconde, dans les épreuves les plus cruelles. Dès le début, je savais ce qui m'attendait, car on m'avait dit, ce que je n'ai jamais cessé de répéter aux autres : aussitôt qu'un être s'engage dans le Sentier conduisant à l'Ashram des Maîtres bénis, — les seuls et derniers gardiens de la Sagesse primitive et de la Vérité, — son karma, au lieu d'être réparti sur toute sa vie, s'abat sur lui en une masse, et l'écrase de tout son poids. Celui qui croit en ce qu'il professe et en son Maître le supportera et sortira victorieux de l'épreuve ; celui qui doute, le poltron qui craint de recevoir son juste dû, et cherche à éviter l'accomplissement de la justice — ÉCHOUERA.
Il n'en subira pas moins son karma, mais il perdra ce qu'il espérait obtenir en risquant de subir prématurément les effets de son karma. C'est pourquoi j'ai tout supporté, quoique j'aie été flagellée constamment et impitoyablement par mon karma qui se servit de mes ennemis comme d'armes inconscientes. J'étais sûre que le Maître ne permettrait pas que je périsse, qu'il serait toujours là au dernier moment — et c'est ce qu'il fit.
Trois fois je fus sauvée de la mort par Lui, la dernière fois, presque contre ma volonté, et je revins dans le monde glacé et mauvais par amour pour Lui, qui m'a enseigné ce que je sais, et qui m'a faite ce que je suis.
J'accomplis donc Son travail et Sa volonté, et c'est ce qui me donne cette force de lion pour supporter les chocs physiques et mentaux, dont un seul tuerait tout théosophe qui douterait de la protection puissante. Une dévotion inébranlable à Celui qui incarne le devoir qui m'a été tracé, une croyance ferme dans la Sagesse collective de cette grande Fraternité mystérieuse, quoique réelle, de saints hommes, voilà mon seul mérite, et la raison de mon succès dans la Philosophie Occulte.
Et répétant maintenant, après le Paraguru, le MAÎTRE de mon Maître — les paroles qu'Il avait adressées comme un message à ceux qui voulaient faire de la Société un « club de miracles » au lieu d'une Fraternité de Paix, d'Amour et d'assistance mutuelle —
« Périssent plutôt la Société Théosophique et ses malheureux Fondateurs » , je dis, périssent leur travail de douze ans, et leur vie même, plutôt que de voir ce dont je suis témoin aujourd'hui : des théosophes surpassant les « cercles » politiques dans leur recherche du pouvoir personnel et de l'autorité ; des théosophes se calomniant et se critiquant mutuellement comme des sectes chrétiennes rivales ; enfin des théosophes se refusant à vivre la vie requise, puis jetant l'opprobre sur les plus grands et nobles des hommes, parce que, liés par leurs lois sages — d'une antiquité énorme et basées sur une expérience de la nature humaine datant de milliers d'années — ces Maîtres ne veulent pas intervenir dans le karma de tous les théosophes qui s'adressent à Eux, qu'ils en soient dignes ou non, ni se plier à leurs exigences.
À moins que l'on ait recours en hâte à des réformes radicales dans nos Sociétés américaines et européennes, je crains fort qu'avant peu il n'existe plus qu'un seul centre de Sociétés Théosophiques et de Théosophie dans le monde entier — je veux dire aux Indes ; sur ce pays j'appelle toutes les bénédictions de mon cœur.
Tout mon amour et toutes mes aspirations vont vers mes frères bien-aimés, les Fils de l'ancien Aryâvarta — la Mère-patrie de mon MAÎTRE.
:: HELENA BLAVATSKY :: Théosophie
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